Pour cette nouvelle tribune, j’aborde de nouveau l’Open Insurance. Mais cette fois, d’une manière moins conceptuelle et plus opérationnelle. Réfléchissons ensemble au positionnement à adopter pour les assureurs et aux outils qui permettent de se lancer dans une telle stratégie d’ouverture.
Il faut voir l’Open Insurance comme un modèle bilatéral gagnant/gagnant pour les assureurs et des acteurs externes. Ce dernier s’appuie sur le partage et l’ouverture des offres (produits et services), des ressources (capacités métier et technologiques) et des données.
Développons ensemble les 2 facettes de ce modèle :
- Côté pile : en tant qu'assureur, je construis mon offre en m’appuyant sur celles d’acteurs extérieurs. Je m’appuie sur leurs infrastructures métiers, technologiques, SI, et/ou j’exploite des données externes.
Sur l’offre, c’est le principe de distribution classique en “marque blanche” et de partenariat qui se pratique depuis longtemps. Ce procédé permet d’enrichir rapidement, avec un coût limité, son portefeuille de produits et de services.
Sur les capacités technologiques et infrastructures SI, le modèle en est encore aux prémices et réservé à quelques précurseurs. Un cas d’illustration concret et réel à l’étranger est celui d’un assureur qui souhaite se doter de la reconnaissance d’images pour établir des diagnostics. Celui-ci peut se brancher directement par API, sur le modèle proposé par le géant chinois de l'assurance Ping An, premier assureur mondial.Ici, l’offre est à disposition d’autres acteurs. Aujourd’hui, c’est Wakam (ex La Parisienne Assurances ) qui est la plus avancée dans ce modèle en France. Grâce à son infrastructure totalement “APIsée”, elle propose un catalogue de produits d’assurance prêt à l’emploi, hautement personnalisable, et totalement modulable pour tous les professionnels.
Sur les infrastructures SI, c’est encore le géant Chinois Ping An qui l’illustre le mieux. En effet, il a décidé de partager, au bénéfice d'autres assureurs, son savoir-faire en matière d’intelligence artificielle et d’algorithmes. Ping An a développé de nombreux modules d’évaluation des dommages en habitation et en automobile, devenant ainsi plus qu’un assureur. En effet, l’entreprise chinoise explique qu’à termes, 50% de ses revenus seront issus de la vente de services technologiques.
Enfin, sur les données, le défi des assureurs est de publier et partager leurs données. Cependant, ils ne semblent pas encore convaincus par cette stratégie d’Open data. Les échanges ne se font que dans un sens. En effet, les assureurs sont à ce jour plus friands de capter des nouvelles données plutôt que de partager les leurs.
Selon moi, le partage des données avec d’autres acteurs deviendra certainement “la norme” comme dans le secteur bancaire. La stratégie gagnante pour les assureurs est donc d’anticiper plutôt que de subir, pour en retirer les bénéfices pour leurs assurés.
L’Open Insurance ne doit pas se résumer à la seule démarche technologique. Oui, la technologie est une condition nécessaire pour passer à un modèle d’ouverture vertueux, mais elle n’est pas une condition suffisante.
Personnellement, je suis convaincu qu’elle doit rester en cohérence avec la stratégie globale pour mieux servir les besoins métiers et garantir la satisfaction client. Il est donc important de repenser le modèle de l’entreprise dans son ensemble en aculturant tous les maillons de la chaîne.
J’ajoute que ce modèle est bénéfique, aussi bien pour les assureurs que pour les assurés. D’un côté, les assureurs vont avoir l'opportunité d’optimiser les process de conception des offres, les parcours et la distribution. De l’autre, les assurés vont bénéficier d’offres personnalisées totalement digitalisées avec des services adaptés.
“Repenser” le Business Model des assureurs en s’imposant de plus larges challenges entre le “faire” et le “faire faire et utiliser” est une opportunité réelle à l’heure où le positionnement, surtout dans la santé, est fortement challengé. Avec des offres et des services plus larges - tout en proposant des solutions personnalisées, pourquoi pas avec des tarifications à l’usage - les assureurs bénéficieront alors d’une capacité nouvelle pour fidéliser leurs clients et mesurer la pertinence des offres disponibles.
Une culture d'entreprise et de nouvelles organisations verront le jour, permettant de réagir en temps réel aux évolutions du marché et de proposer bien plus rapidement de nouvelles offres.
Du côté des assurés, un système ouvert permettra d’accéder rapidement à de nouveaux services. Les avantages sont nombreux : bénéficier de bouquets de services de prévention, avec des services comme des programmes de remise en forme, de nutrition santé ou encore des cours de sport. Des services pour accompagner dans différents moments de vie pourraient être également proposés, comme par exemple, le montage de dossiers d’aide financière auprès des EHPAD ou encore pour la garde d’enfant à domicile.
L'assureur deviendra alors un véritable agrégateur de service santé, guidé par le positionnement “marché” et les moments de vie qu’il vise accompagner, véritable point d'entrée unique et proposant à ses assurés un parcours fluide, sans couture et personnalisé.
Repenser la culture d’entreprise est nécessaire, mais ouvrir son système d’information est indispensable. La clé de voûte de l’Open Insurance reste donc la technologie.
C’est en effet l’usage de la technologie “API” (Application Programming Interface), largement utilisée depuis plusieurs années, qui permet aux assureurs de capter l’ensemble des opportunités évoquées ci-dessus.
Les API constituent le moyen technologique de faire dialoguer, d’échanger simplement et de manière automatique, des données entre des applications codées dans des langages différents, de façon normée. C’est donc bien le ciment du système d’information.
Les API présentent en plus de nombreux bénéfices :
- La granularité par la finesse des informations gérées ;- Les compagnies utilisent-elles déjà les API ?
Oui bien sûr, mais des API “internes” à l'entreprise. Celles-ci permettent une meilleure interopérabilité entre les différentes solutions informatiques et avec un nombre restreint de partenaires prédéfinis.
L’enjeu est donc de passer du modèle d’API dites “internes” à un modèle d’API “Ouvertes“, permettant ainsi d’activer de nouveaux leviers de croissance, en facilitant le partage des produits, des infrastructures ou des données à des tiers souhaitant les utiliser.
Grâce à cette transition, les assureurs pourront répondre à une demande croissante de services tiers incontournables, et ainsi les mettre en place rapidement et simplement.
Dernière étape pour assurer la stratégie d'API ”Ouverte”, l’assureur doit mettre en place une démarche d’ “API Management“, et mettre à disposition à la fois un portail destiné aux développeurs voulant s’interfacer avec l’application , mais également un portail API manager pour gérer les autorisations, mettre à disposition la documentation et garantir le bon usage des API.
De notre côté, nous avons qualifié les défis et opportunités des assureurs. Nous avons investi dans des technologies pour les aider à construire ce modèle d’infrastructure ouverte, permettant de répondre en temps réel aux demandes croissantes de services des assurés.
BEYOND by Cegedim, lancé depuis le 2 juillet, est un véritable hub. Il est conçu pour orchestrer et exécuter des services produits aussi bien par Cegedim que par des tiers.
J’ajoute que le prérequis de l’ouverture des systèmes reste la sécurité. Les données des assureurs sont particulièrement sensibles et nécessitent de travailler avec des partenaires solides. CEGEDIM est aujourd'hui la référence en France dans la maîtrise des données santé.
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