A défaut d’en comprendre la complexité, nous sommes tous habitués au fonctionnement de l’assurance santé en France, avec ses professionnels de santé libéraux, son hôpital public “central”, sa Sécurité sociale et les complémentaires santé, et le tout à travers la carte vitale et, invisible pour le patient, un ensemble de flux informatiques largement automatisés et structurants. Le traitement manuel des décomptes papiers, qui étaient la norme il y a une vingtaine d’années, est en passe d’être oublié, notamment grâce aux dernières évolutions en cours dans le secteur hospitalier ! Et pourtant, ils n’ont pas totalement disparu. Ils sont encore bien réels dans l’assurance santé pour les expatriés.
Le point sur le mode de fonctionnement de l'assurance santé pour les expatriés
Les limites de couverture de la Sécurité sociale et le besoin d'une couverture additionnelle
La couverture de l’assurance santé est largement satisfaisante en France. Le seul enjeu restant est lié au choix du niveau de couverture de la complémentaire, niveau choisi par l’assuré. En revanche, ce n’est pas toujours le cas pour les expatriés. En effet, lorsque vous êtes français vivant à l’étranger sous le régime de l’expatriation, vous n’êtes normalement plus couvert par la Sécurité sociale et la complémentaire santé française.
Deux options s’offrent alors à vous : souscrire une assurance locale du pays de résidence, ou faire le choix d’une couverture via la CFE (Caisse des Français de l’Etranger), qui permet sous conditions de bénéficier de la couverture française.
Toutefois, dans les deux cas, cette couverture peut s’avérer insuffisante au regard des frais engagés à l’étranger, et vous pouvez être amené à souscrire un contrat d’assurance santé dite “privée”, et dédiée aux expatriés.
La diversité des fonctionnements
Dans ce type de contrats, il va sans dire que les cas sont nombreux !
En effet, chaque pays va avoir ses spécificités de fonctionnement, qu’il concerne le modèle de soins ou l’’assurance santé (j’avais d’ailleurs écrit à ce sujet). Certains ont des accords bilatéraux avec la France (c’est le cas en Europe notamment), mais pour la plupart, il s’agit d’un fonctionnement totalement indépendant.
De plus, le reste à charge pour le patient français expatrié n’est pas toujours le même que pour un patient du pays concerné, dès lors qu’un traitement est différencié en fonction de la nationalité et, en creux, des cotisations perçues.
Le rôle d’une assurance santé pour les expatriés est donc de lisser l’ensemble de ces différences de traitement, afin que l’expérience de l’expatriation ne soit pas un parcours du combattant pour les questions de soins.
La complexité des équivalences et des justificatifs
Cependant, si gommer les différences s’avère en réalité assez maîtrisé du côté de la souscription, la gestion des prestations, elle, suppose que le gestionnaire soit en mesure de gérer une diversité extrêmement large d’opérations. Cette diversité est bien plus large que les cas qui peuvent être rencontrés en France, où les procédures et soins sont très encadrés.
Par exemple, la gestion du remboursement d’un soin réalisé à l’étranger va nécessiter de bien prendre en compte :
- La langue des documents justificatifs : l’anglais n’est pas toujours, loin de là, la langue universelle !
- La devise : lorsque les soins ont été réglés dans une devise différente de l’euro, il faut gérer le taux de change, mais aussi prendre en compte une variété de taxes internationales, et une variété tout aussi riche de modes de paiement !
- La mise en cohérence entre des soins réalisés à l’étranger et leur équivalence dans le système de soins français : la pratique de la médecine, et les soins apportés ne suivent pas toujours les mêmes normes dans tous les pays,
- Les pratiques spécifiques d’établissements ou professionnels de soins à l’étranger, et les normes d’échanges locales, les codifications d’actes spécifiques, les réglementations locales liées aux données…
De plus, il arrive régulièrement que ces établissements à l’étranger sollicitent l’assureur pour obtenir une confirmation de financement avant d’initier des soins. Il convient donc d’être en mesure de prendre en charge ce type d’interactions.
Ainsi, la gestion s’avère une opération très complexe à industrialiser. Toutefois, l’usage d’un logiciel expert peut véritablement faciliter la vie, en permettant de suivre les opérations, de tracer les échanges, et d’automatiser certaines actions répétitives, même lorsqu’il ne s’agit pas d’un acte de gestion complet.
L’évolution de la politique des entreprises vis-à-vis de l’expatriation
Un modèle structurellement déjà fortement réduit au profit d'emplois locaux moins coûteux
Le modèle de l’expatriation était dans le passé un modèle largement utilisé, même s’il s’avérait pour les entreprises une option très coûteuse. En effet, les “packages” proposés - le salaire et les avantages, dont l’assurance santé - du collaborateur devaient être dopés pour inciter au départ des cadres, souvent expérimentés.
Avec des politiques de réduction des coûts largement répandues dans les entreprises, ce n’est plus le modèle choisi ou préconisé en masse aujourd’hui. Il est souvent moins coûteux et plus flexible de faire appel à des recrutements locaux.
D’un point de vue des soins et de l’assurance santé, ces nouveaux collaborateurs, au contrat de travail local, seront concernés par les couvertures locales et donc les systèmes habituels du pays, et ne devront pas être gérés à distance.
Dans les cas où l’entreprise doit quand même faire partir des collaborateurs en expatriation, elle fera plus souvent appel à des collaborateurs plus jeunes et moins expérimentés, qui seront sans doute moins exigeants sur les “packages” proposés.
Un volume d'expatriés stabilisé et qui reste important
Si le nombre d’expatriés a considérablement diminué il y a une vingtaine d’années, il s’est désormais stabilisé et reste tout de même important, car il reste toujours un volant de collaborateurs français que l’entreprise souhaite envoyer sur place pour piloter certaines de ses activités à l’étranger.
L’assurance santé de ces collaborateurs reste souvent financée par l’entreprise, qui souhaite qu’ils disposent sur place de soins de qualité, et d’une couverture santé rassurante. Pour les entreprises, le prix n’est donc pas le critère premier, mais plutôt la qualité du service rendu !
De nouveaux profils, parfois plus jeunes (VIE) ou moins aguerris à cette vie d'expatriés
Dans l’ensemble des expatriés, nous observons en parallèle une évolution des profils des français s’installant à l’étranger, temporairement ou de manière permanente. C’est le cas de personnes plus jeunes notamment, dans le cadre des études ou de VIE (Volontariat International à l’Etranger), qui n’ont pas le statut d’expatrié mais qui vont être concernés également par des besoins de soins et de prises en charge financières de ces soins peu ou prou équivalents.
Le marché de cette assurance santé, gérée en France, pour le bénéfice de personnes vivant à l’étranger reste donc globalement stable mais avec des spécificités de profils ou d’attentes qui accentuent la complexité de la gestion.
L'impact de la pandémie
Des restrictions de déplacements mais pas pour tous
Paradoxalement, la pandémie que nous vivons depuis 18 mois n’a pas fondamentalement remis en question le marché de l’assurance santé pour les expatriés. En effet, de nombreuses restrictions de déplacements ont été mises en place, dans toutes les régions du monde, mais ces restrictions ont principalement affecté les déplacements de court terme ou le tourisme. Elles n’ont donc que peu touché les expatriés installés de manière pérenne dans des pays étrangers, même si elles les ont conduits de facto à s’isoler de leurs familles sans possibilité de les rejoindre.
C’est plus l’assurance prévoyance et rapatriement, ainsi que l’assistance à distance, qui ont en fait été touchées.
Une exposition plus forte aux risques dans certaines zones géographiques à risque
En revanche, certaines conséquences ont d’ores et déjà été observées. En effet, tous les pays n’ont pas subi la pandémie de la même manière, et avec la même virulence, les mêmes impacts sur les populations locales. Certaines zones géographiques ont ainsi eu une exposition plus forte aux risques de contamination, et ont enregistré une sinistralité plus forte. Cela a donc pu provoquer une augmentation, parfois très sensible, de la prise en charge de sinistres à l’étranger. Les expatriés ont parfois vécu des situations difficiles que les gestionnaires des prestations se sont efforcés de gérer du mieux qu’ils pouvaient dans un contexte difficile pour tous.
Un enjeu de couverture au 1er euro qui peut s'avérer coûteux sur des soins intensifs type Covid-19
Au-delà de la fréquence des sinistres, c’est bien leur gravité, autre paramètre essentiel en assurance, qui a pu déstabiliser certains acteurs de l’assurance santé des expatriés. En effet, ces contrats contiennent souvent des prises en charge au premier euro, et avec des plafonds importants, notamment en cas d’hospitalisation. C’est justement sur ces situations que les soins donnés aux assurés expatriés malades de la Covid-19 ont pu s’avérer très coûteux à prendre en charge pour les assureurs.
L’assurance santé des expatriés est un produit à part dans le monde de l’assurance santé en France, et pour bien la gérer, il faut s’être doté d’une excellente connaissance de ces situations complexes et très variées, avec des logiciels comme ceux que nous proposons, qui permettent de faciliter la gestion des collaborateurs et d’outiller certaines opérations complexes, tout en proposant aux assurés une palette de services digitaux en “self service”.